Bordeaux-sud : 7 siècles de mélanges
Le quartier Capucins / St Michel / Ste Croix s’est développé lors de la construction de la troisième enceinte de Bordeaux à partir de 1302. Jusqu’au XVIIIe siècle, ces remparts, que l’on voit toujours le long du Marché des Douves, protègent de nombreuses communautés religieuses, les nouveaux arrivants et les populations laborieuses (chantiers navals sur les quais, fabrication de barriques…).
Après la démolition des remparts on installe là les abattoirs, les marchés et la Gare. Le quartier pérpétue son esprit populaire et mélangé en accueillant espagnols, portugais, nord-africains, puis africains, turcs, roumains… mais aussi étudiants et artistes (avec le Conservatoire et l’Ecole des Beaux arts).
À l’aube du XXIe siècle, l’ensemble Sainte Croix / Capucins / Saint Michel est un quartier fragile, rassemblant 47 ethnies différentes, des dizaines d’associations, ateliers d’artistes ou d’architectes, clubs et bars étudiants, lieux de rencontres et de partages des communautés.
Par son implantation, le Marché des Douves se situe au cœur des réflexions qui animent la mutation de la ville. Comme lieu de la Vie associative mais aussi par les énergies qu’il draîne, il doit jouer un rôle important dans la dynamique sociale de ces territoires : lieu d’identité et de mélange, lieu de mémoire et laboratoire d’invention.
Le Marché des Douves
Le quartier des Capucins abrite le Marché de Bordeaux depuis 1744, avec la démolition des remparts.
Halle en bois au début, puis halle métallique en 1881.
En 1886, l’architecte municipal Charles Durand y adjoint le Marché des Douves. Cette halle métallique repose sur le terrain d’un ancien réservoir d’eau, les serrages sont contenus dans le sous-sol, elle accueillait les marchands de volailles, de gibiers et de poissons. A l’intérieur, l’élégante charpente de fer est soutenue par 34 colonnettes de fonte. Les détails de décoration, les jeux de lumière zénithale et latérale, la combinaison du verre, de la brique et de la pierre en soubassement et dans les portes marquées de fronton, en font un bâtiment précieux et remarquable.
La halle des Capucins est démolie en 1957 puis reconstruite en béton, le Marché des Douves cesse son activité en 1975, après 90 ans de loyaux services. Dans les 40 années qui suivent, le Marché échappe plusieurs fois à la démolition…
En 1983, il est loué à une coopérative charcutière puis il sert d’atelier de réparation des vélos.
En 2004, les associations du quartier ont l’idée d’utiliser ce lieu pour leurs activités (voir « histoire du Projet ») et en conçoivent le programme architectural. En 2011, la Ville de Bordeaux confie le projet aux architectes Anne-Gaël et Julien Jouglet qui proposent une rénovation du bâtiment retrouvant couleurs et matériaux d’origine. Lové à l’intérieur des colonnettes, ils installent alors un élégant volume de verre et de chêne qui abrite les locaux nécessaires à la vie associative, inauguré en septembre 2015.